07 novembre 2013

Nikon Df...prise en mains...

Il y a les rumeurs, il y a les premières fiches techniques, et puis vient le temps de la prise en main. Cette affaire a son importance pour apprécier la qualité perçue, l'ergonomie, la finition, les commandes...même si c'est un sample dans lequel on ne peut mettre de carte. Mais quand on a pratiqué le D4 à plusieurs reprises, on n'a guère d'inquiétude : le hipster qui aura envie de faire des JPEG à 25 600 ISO en photos de rues de nuit pourra non seulement les montrer sur sa tablette, mais encore en faire des tirages A3 tout à fait honorables ! Evidemment en NEF traités par DxO 9 cela sera mieux, mais nos essais du D4* ont montré que même à 51 200 ISO on peut tirer quelque chose de ce capteur, qui est bel et bien dans le Df avec son processeur (mais sans ses fonctions vidéo).

La finition chromée est très jolie mais un peu ostentatoire...statutaire dirait-on et il faudra attendre un peu de patine pour que l'aspect soit proche de celui d'un FE2, par exemple...au point que des doutes se sont fait jour sur des forums : et si ces belles molettes étaient en plastique joliment peint ? Démenti à chercher sur le site "central" de la marque, le fond, l'arrière du boîtier, le capot supérieur...et les molettes de réglage sont en métal gravé !



La version noire est plus discrète et la finition semble plus sobre, mais elle fait presque "outil de travail" (le FM2 noir du reporter de news) alors que le marketing vintage est plus évident en chromé ! Mes Nikon argentiques des seventies et des eigthies sont tous en finition chromée, quitte à la jouer nostalgie autant aller jusqu'au bout, dans le jeu appareil plaisir ou passion le noir fait trop...sobre ! Evidemment on a essayé de me forcer à signer un bon de commande pour les deux versions, mais j'ai résisté ;o)

La prise en main est évidente si on veut retrouver les gestes "à l'ancienne" et les molettes avant et arrière sont là pour une ergonomie "à la Nikon numérique". On s'est interrogé sur le point de savoir si on peut aussi régler le diaphragme avec la bague : c'est obligatoire avec un objectif à mise au point manuelle (même non Ai, mais son possibilité d'être en automatisme dans ce cas) et c'est possible avec les AFD ou AFS "à bague" par une option du menu. De ce fait, un vrai regret est que Nikon ne soit pas allé jusqu'au bout avec une optique de kit dotée d'une bague de diaph...allez, au hasard, un 45 mm f/2 qui manque dans la gamme ?

Les points qui chagrinent l'expert ne sont sans doute pas du tout importants pour la clientèle visée : celui a achète un scooter Vespa "la dolce vita like" ne consulte certainement pas tous les bancs d'essais techniques de la presse moto avant de craque. De fait un module AF et un obturateur hérités du D600 (le bruit de déclenchement est moins bruyant que dans les films du teasing) ne seront pas des points de blocage pour le type de photo tranquille et réfléchie que l'on peut imaginer faire avec cet appareil, surtout en mise au point manuelle ! Mais là il reste une incertitude avant test avec des optiques très exigeantes (du genre AIS 58 f/1,2, 85 f/1,4 ou 105 f/1,8) sur la précision de l'assistance à mise au point ! On aurait pu imaginer un verre interchangeable avec un modèle vraiment rétro, à stigmomètre.

Le viseur pourra aussi chagriner : certes, il est lumineux et de bonne taille, mais outre que le volet couvre oculaire (utile pour les poses lentes sur pied) son dégagement oculaire est assez faible : 15 mm, contre 18 mm pour un D4 et 21 mm pour un D610. Les porteurs de lunette en seront un peu gênés. Reste enfin à apprivoiser le passage des molettes à l'afficheur ou à l'écran arrière pour certaines options, ou pour le réglage des modes autofocus : pour l'AF les anciennes commandes entièrement mécaniques style D3 seraient plus dans l'esprit de la chose sans doute, pour la sensibilité il faudra se souvenir que l'on peut afficher 400 ISO sur la bague et ISO auto dans le menu...




La petite batterie (un kit comportant une batterie de secours en plus serait une bonne idée) et la carte accessible par la semelle ne me scandalise pas...compacité et design obligent, et puis je suis habitué aux cartes sous le boîtier par mes Fuji X100, Sony NEX7 ou Leica M...heureusement il y a un verrou pour éviter une ouverture intempestive de la trappe dans le sac.

Je terminerai par le regret de rêves que le teasing et les sites de rumeurs, tout comme les forums, avaient alimenté...si l'appareil avait eu la face avant en magnesium du D800 et son module AF...et l'arrière du viseur du même, je suis sûr que les râles et les plaintes auraient été moins nombreux même pour un tarif 15% plus élevé.

Tel quel c'est un appareil très agréable à manipuler...si on aime le style rétro, dont le capteur très sensible mais pas trop défini s'accommodera fort bien d'optiques anciennes pas toujours  franchement à l'aise sur les 100 paires de lignes au mm d'un D800, et pour lequel les tests diront si les points de faiblesse que l'on peut craindre pour un usage expert assez pointu en sont vraiment.

Je n'ai guère eu le temps de faire des photos du produit en le prenant en mains, ce sont des images (c)Nikon qui illustrent ce billet...mais elles sont très fidèles !


* test de juillet 2012
http://www.lemondedelaphoto.com/TEST-BONUS-MDLP-No47,7032.html

05 novembre 2013

Encore un autre hybride ! Nikon Df



Les rumeurs laissaient entendre qu'à son tour Nikon sortirait un hybride...le Df est bien un produit hybride, mais pas du tout au sens commun d'appareil à visée électronique. Au contraire, c'est un appareil de "pure photography" (à l'ancienne selon la com du constructeur...et notamment sans vidéo) qui reprend des éléments déjà connus...avec un aspect qui semble familier aux anciens fans de la marque ayant engrangé leurs matériels dans les eigthies. Construit avec une coque arrière, supérieure et inférieure en magnesium, avec une construction mixte métal et matériaux synthétiques pour le chassis et en façade, avec des joints d'étanchéité disposés comme sur un D800...il présente l'aspect d'un FA de 1983, avec un zeste de prisme recouvert de gainage façon cuir de FM2 de même millésime, un grip de style F501 de 1985...et sur le dessus une abondance de molettes de réglage crantées et verrouillées à l'ancienne.

Cependant il peut recevoir quasiment tous les objectifs Nikon depuis 1959 (avec des restrictions de confort d'usage avec les anciens modèles jamais modifiés à la norme AI), jusqu'aux derniers AFS G sans bague de diaphragme. D'ailleurs, en kit, c'est un objectif de cette série qui est proposé, faute de goût car Nikon aurait pu la proposer avec une vraie bague, comme les nouveaux fixes Fuji de série X. L'appareil dispose donc de commandes en double, selon les objectifs utilisés. Il est compatible autofocus avec les AF, AFD, AFS...mais son module est un peu décevant : c'est le capteur à 39 collimateurs des D600 et D610, alors que l'APS D7100 dispose désormais du capteur à 51 collimateurs des modèles pro ! Très centré cet autofocus devra être testé à l'aune du positionnement rétro et optiques manuelles, pour voir si l'assistance de mise au point est suffisamment précise sur un 50 f/1,2 ou 85 mm f/1,4 AIS, ou un 105 mm f/1,8. Passer en mode live view et loupe avec un tel boîtier semble totalement surréaliste par rapport à l'usage "à l'ancienne" auquel on a envie de le confronter. 



L'obturateur déçoit aussi, c'est un modèle identique à celui du D600 (5,5 i/s et 1/4000 maxi) mais finalement les modèles historiques des eigthies plafonnaient eux aussi à 1/4000, on voit mal les acheteurs d'un Df s'en servir à la façon d'un D4 pour de grandes rafales sportives. Et si on parle de D4, voilà la bonne suprise : ce valeureux capteur pro, qui permet des images propres en JPEG à 25 600 ISO (voire 51 200 dans certains cas) se trouve au sein de l'appareil, et semble bien se marier avec des objectifs vintage qui arrivent à souffrir sur les capteurs haute définition. Cela garantira des A3+ impeccables et des A2 de haut niveau à partir des fichiers NEF. 

L'appareil est annoncé pour fin novembre en kit pour 2900 €  avec son 50 mm, espérons des livraisons rapides en boîtier nu parce que bien qu'il soit excellent, ce n'est pas le gente d'objectif qu'on a envie de confronter au Df !      

Vous avez dit hybride ?


Sony vient de lancer deux nouveaux hybrides à viseur électronique qui incorporent ce viseur (très large et très clair, la taille de l'image apparente est proche de celle que donne un reflex 24 x 36 pro à viseur optique) dans un prisme au dessin anguleux très rétro, après deux décennies de bio-design depuis les Canon T90 de Luigi Colani. Ces boîtiers compacts ( 126,5 x 94,4 x 46,2 mm, pour un poids n'excédent pas 420 grammes) accueillent ni plus ni moins que des capteurs 24 x36 de 24 Mpix (modèle A7) et 36 Mpix (modèle A7R), et ce pour un prix compétifif de 1500 € pour le premier et 2100 € pour le second, boîtier nu.

La monture est celle bien connue des Sony NEX, mais bien entendu le capteur plus grand impose de nouveaux objectifs à plus grand cercle de couverture d'images, ou l'utilisation des objectifs Minolta ou Sony en 24 x 36 avec des bagues adaptatrices. En effet, l'épaisseur de l'appareil, dépourvu de tout miroir de visée (au contraire de l'A99 également à viseur électronique) nécessite une entretoise de plus de 2 cm entre la baïonnette de l'appareil et celle de l'objectif pour que la mise au point s'effectue dans des tolérances correctes.

De fait, Sony lance une nouvelle gamme d'objectifs, de prix un peu désincitatifs par rapport au prix attractif du boîtier, avec des Zeiss 35 f/2,8 et 50 f/1,8 ouvertures bien banales sur un 24 x 36, respectivement à 800 € et 1000 €. Des zooms sont également prévus, 24-70 mm f/4 à 1200 € et 28-70 f/3,5-5,6 à 500 €, ces tarifs semblent quand même assez élevés.

Par contre, cet appareil sera un rêve pour les amoureux de vieilles optiques 24 x 36 qui voudront les voir revivre en numérique haute définition. J'ai eu le plaisir de faire une prise en main d'un modèle non définitif que j'ai alimenté avec des optiques 42 à vis de plus de 40 ans d'âge (Carl Zeiss Jena, Pentax Super Takumar) et j'ai obtenu facilement des résultats séduisants, grâce au focus peaking qui clignote pour indiquer la mise au point correcte. Certes, ces  vieilles optiques manquent beaucoup de piqué à pleine ouverture (souvent elles désaturent et nimbent les contours) mais quel charme pour la photo ...de charme, ou le portrait. Aux ouvertures moyennes elles piquent autant que de fringantes optiques fixes d'aujourd'hui///

Je n'ai pas encore pu essayer l'A7r de 36 Mpix, mais je suis un peu plus réservé car une telle définition exige des optiques plus pointues, à l'instar de ce que l'on constate chez Nikon: de vieux objectifs qui passent très bien sur D4, sont un peu moins à l'aise sur D3x et le piqué devient assez problèmatique sur D800E, quand on veut les exploiter au maximum de la capacité du capteur.